La Libération de Plouzané : 70 ans déjà !

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La Libération de Plouzané ne fut pas un simple défilé de chars et de camions américains traversant la ville sous les « vivas » d’une foule en liesse : ce fut 19 jours de combats sanglants, d’horreurs et de tristesse dans un climat désastreux.

Le 6 Juin 1944, à l’aube et à la surprise des défenses allemandes du mur de l’Atlantique, les alliés débarquent sur le sol de France en Normandie. Parmi eux, les GI’s de la 29ème division d’infanterie américaine ainsi que les 2ème et 5ème bataillons de Rangers, ceux-là mêmes qui s’illustreront avec bravoure à la pointe du Hoc. Ces soldats, parfois inexpérimentés, accompliront la Libération de notre commune. Les Plouzanéens ont douloureusement vécu ces longs jours de combats, rythmés par des progressions américaines difficiles alternées par des replis exploités par les allemands.

Au début de la seconde guerre mondiale, la commune comptait environ 2 166 habitants. Plouzané étant mitoyenne de l’agglomération brestoise et bordée au Sud par le goulet de Brest, elle a une importance stratégique pour l’armée allemande justifiée par la hauteur de certains reliefs très propices à l’observation. Elle se trouve ainsi presque entièrement dans la zone de défense de Brest et on estime à un millier au minimum le nombre de militaires allemands en zone défensive. Cette présence impose à la population locale de lourds sacrifices, en particulier des réquisitions de vivres.

La journée du 24 août est consacrée à l’envoi de patrouilles pour préparer l’assaut général prévu le lendemain. Durant la nuit, les 115è et 116è régiments s’installent pour attendre  l’offensive. Le 25 Août à 13h00, l’attaque américaine est déclenchée sur le Bourg de Plouzané ! Les 2 régiments progressent vers le sud, après un bombardement préliminaire des positions allemandes avancées et de la ville de Brest. Sur le flanc droit au sud de Saint Renan, les Américains avancent rapidement, le 175è régiment par la gauche et les rangers par la droite. Dans le ciel, les avions américains survolent les troupes. Après de violents combats, le Bourg est libéré le 27 août au matin.

Les allemands se replient alors à Cocastel, sur la côte 103, un point stratégique pour sa vue exceptionnelle que l’ennemi souhaite conserver à tout prix. A cet endroit, les combats durent plusieurs jours. Le dimanche 3 septembre, c’est un véritable déluge de feu qui s’abat sur Cocastel. Le soir, la côte 103 est prise par les américains. Le paysage est lunaire ; tout est détruit, brûlé.

Parallèlement, les combats font rage à la Trinité et au sud de la commune. Ils s’étendent du 28 août à la mi-septembre. Sur le secteur d’Ilioc, ils durent 10 jours ! Mais, le 13 septembre, Plouzané est définitivement libérée. Jusqu’au 19 septembre, date de la dernière reddition des derniers allemands, l’activité militaire est encore importante sur le territoire plouzanéen.

Les Plouzanéens pourront avoir vécu différemment cette libération. Dans l’Arvor, plus proche de la façade maritime, les allemands étaient fortement présents et les combats furent violents et destructeurs. Par ailleurs, selon que les habitants devaient rester ou pouvaient se réfugier ailleurs, les uns ont douloureusement vécus les combats quand les autres ont eu la chance de les éviter.

La 2ème Guerre Mondiale, avec d’abord le temps de l’occupation puis celui de la Libération, est devenue un repère chronologique obligé du XXè siècle. Il y a désormais l’époque « d’avant » que l’on oppose souvent à celle « d’après ». A Plouzané, le sentiment d’un changement formidable, vécu en passant de l’une à l’autre, est d’autant plus marqué que le temps de la reconstruction, qui s’achève dans les années 1950, est vite suivi d’une période de forte mutation démographique, à partir du milieu des années 1960.

Il est important que les Plouzanéens d’aujourd’hui connaissent les épreuves qu’ont vécues, ici, leurs aînés, il y a 70 ans. Cela fait partie de notre patrimoine commun.

2019 09 4 ilioc2